DAKAR, le 19 octobre (IRIN) - Les bailleurs de fonds se réveillent et injectent actuellement des sommes importantes dans la lutte antiacridienne en Afrique de l'ouest, mais les experts agricoles préviennent qu'il faudra deux à trois ans pour venir à bout de la crise actuelle.
Selon les représentants de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), près de 40 avions épandeurs ont été déployés pour éliminer les essaims de criquets qui se sont abattus sur la Mauritanie, le Sénégal, Le Mali, le Niger et le Tchad au mois de juin.
Ces avions appuient les dizaines d'équipes de traitement terrestres qui se battent pour sauver les récoltes annuelles en cours dans le Sahel, et ce jusqu'à la fin du mois de novembre. Selon les premières estimations, les criquets pourraient détruire le quart des récoltes de ces pays.
Les bailleurs de fonds européens ont reconnu mardi que tout n'avait pas été mis en oeuvre pour lutter contre la plus importante invasion de criquets en Afrique depuis 15 ans.
Ils ont indiqué que les essaims remontaient déjà vers l'Afrique du nord en direction des zones de reproduction hivernale et qu'une nouvelle campagne de lutte contre les criquets serait nécessaire au cours de l'hiver et du printemps pour réduire leur nombre au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye. En dépit de tous ces efforts, ils prévoient déjà que d'importants essaims de criquets s'abattront à nouveau sur les pays du sud l'été prochain.
«Les interventions actuelles permettront de réduire le nombre de criquets, mais pour pouvoir briser totalement le cycle de reproduction des criquets, deux campagnes au moins seront nécessaires dans les pays du Sahel et du Maghreb,» a indiqué Said Ghaout, le directeur du centre marocain de lutte contre les criquets, envoyé au Sénégal par la FAO.
«Ce n'est pas la fin de l'histoire,» a déclaré Edouard Tapsoba, le représentant de la FAO au Sénégal.
«La situation durera probablement deux ou trois ans,» a t-il confié à la presse.
La FAO a lancé un appel d'un montant de 100 millions de dollars américains pour lutter cette année contre l'invasion des criquets dans les pays du Sahel et les experts de la FAO ont indiqué lundi qu'ils avaient reçu jusqu'à présent 45 millions de dollars et qu'ils prévoyaient de recevoir 25,5 millions de dollars supplémentaires.
Mais l'ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, Jos Van Aggelen, parlant au nom de l'Union européenne, a admis que toute cette somme d'argent ne serait pas dépensée pendant la période prévue initialement.
«Le péril acridien continuera l'année prochaine, puisque nous n'avons pas su réagir suffisamment tôt cette année,» a t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Dakar. «Nous n'avons pas gagné la bataille cette année, il sera important donc de mieux nous préparer pour la lutte de l'année prochaine et les fonds de l'Union européenne seront aussi utilisés à cet effet,» a t-il ajouté.
L'Union européenne a fait savoir, dans un communiqué de presse, que l'Union et les états membres avaient réuni collectivement et individuellement 50 millions d'Euros (60 millions de dollars américains) qui seront consacrés à la lutte contre les criquets pèlerins dans les pays du Sahel en 2004 et 2005.
Mais la FAO a indiqué qu'une nouvelle aide financière serait nécessaire pour aider les états du Maghreb à lutter contre les milliards de criquets qui se dirigent actuellement vers le Nord en traversant le désert du Sahara pour rejoindre les flancs du massif de l'Atlas.
«L'ampleur de la prochaine invasion de criquets dépendra des opérations qui seront menées dans le Maghreb et des conditions écologiques et climatiques,» a indiqué Ghaout.
«Si les conditions climatiques actuelles persistent dans les zones estivale de reproduction au Sahel et hiverno printanière du Maghreb, leur nombre sera plus important et l'invasion à laquelle nous faisons face durera deux ou trois ans,» a t-il prédit.
En Afrique de l'ouest, près de la moitié des avions épandeurs se trouvent sur le territoire sénégalais, bien que la Mauritanie voisine soit le pays le plus infesté par les criquets pèlerins.
Les autorités sénégalaises ont déclaré mardi que 18 avions épandeurs étaient en opération sur leur territoire, mais que six de ces avions effectuaient des opérations transfrontalières en Mauritanie.
Selon la FAO, cinq avions épandeurs seulement sont basés en Mauritanie, pays dont la superficie infestée est le triple de celle du Sénégal et où davantage d'essaims entrent chaque jour du fait de la remontée des criquets pèlerins vers le nord.
11 autres avions ont été déployés au Mali, deux au Niger et deux au Tchad, bien que les avions libyens dépêchés au Tchad soient cloués au sol en raison du manque de carburant.
La semaine dernière, le Maroc a envoyé deux avions dans les îles arides du Cap-Vert, à 450 km à l'Ouest des côtes du Sénégal, pour lutter contre les essaims de criquets qui se sont déplacés vers l'Ouest, au-dessus de l'océan atlantique.
«Les essaims présents dans le Sahel remontent vers le Nord, mais un bon nombre d'entre eux sont encore dans la région, et on retrouve des bandes larvaires qui deviendront des criquets ailés qui migreront plus tard,» a indiqué Ghaout.
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